Dominique, fidèle lectrice et commentatrice faisait état il y a quelques jours dans un commentaire de son courage tout relatif dans certaines situations conflictuelles, du fait que s'attaquer à des sales gosses voulant attraper des grenouilles dans son ruisseau lui semblait déjà quelque chose de difficile.
Je suis pareille.
Je ne suis pas très courageuse et je ne sais pas si j'aurais un jour le courage d'intervenir si ma route croisait une situation critique. Pourrais-je défendre quelqu'un se faisant agresser, physiquement ou verbalement ? Pourrais-je intervenir devant une situation injuste ? Je n'en suis pas sûre...
Une fois, j'ai fait quelque chose qui m'a vraiment coûté et quand je vais te raconter, tu vas voir que je pars de loin.
Un été, en vacances avec Crapaud-poilu et un de ses copains, nous allons visiter une sorte de zoo de serpents. Des vivarium dans tous les sens, du monde, c'est l'été. Dès l'entrée, une famille avec une mère, sa copine et deux gosses pénibles et surexcités ont commencé à me gonfler : ils essayaient toujours de passer devant tout le monde, quitte à écraser les pieds des autres (adultes ou enfants). Des gosses pénibles, plutôt mal élevés, se croyant tout permis. La mère... comme je les déteste parfois : couvant sa progéniture d'un air amoureux et ne s'offensant absolument pas de leurs comportements odieux.
Putain, mais ce gosse à dix ans ! Et personne n'est fichu de lui dire qu'il se conduit comme un gougnafier ?!
Nous terminons la visite et nous dirigeons vers LE lieu le plus important aux yeux de mon fils : la boutique du musée. Là, des dizaines de présentoirs avec des serpents en plastique made in China, des bouquins, des porte-clés, des stylos. Bref, une boutique de musée. Et revoilà Godzilla et son copain qu'on s'était déjà tartiné tout au long de la visite, en train de me passer devant pour regarder le présentoir. Il attrape des objets un par un et va à chaque fois déranger la caissière en demandant d’une voix stridente "et ça Madame, c'est combien ?" Une fois, trois fois, à la cinquième, j'ai osé. J'ai laissé sortir de moi la petite voix qui trouvait ce comportement inadmissible.
"Mais tu vas la fermer bon sang, tu vois pas que tu ennuies tout le monde, on entend que toi depuis une demi-heure !"
J'ai dit ça à forte, haute et intelligible voix, avec des yeux noirs et les sourcils froncés.
Le gosse m'a regardée et a détalé pour retrouver sa mère qui était je ne sais pas où.
Mes mains sont devenues moites et je m’apprêtais à devoir l'affronter, pas contente qu'on ait pu dire ses quatre vérités à son rejeton infernal. Ben non. Personne n'est venu.
Crapaud-poilu m'a regardé avec un oeil admiratif et l'autre incroyablement surpris (et sans loucher).
Ben Maman, tu as vu comment tu lui as parlé ?
Ben oui. Les yeux admiratifs de mon fils à ce moment-là... priceless...
Pour une fois dans ma vie, je suis intervenue dans une situation, m'élevant contre un tiers qui ne respectait pas son prochain.
Un gosse de dix ans.
J'en tremble encore.
C'est pas gagné pour aller secourir la veuve et l'orphelin...
* * *
A toutes fins utiles, je précise que les dessins du haut ne sont pas de moi mais viennent de là et là ;-)