Vendredi soir, y'avait un dîner organisé avec des collègues et le Chef. En fait, c'est un repas de fin d'année qu'on fait plutôt en janvier de l'année d'après parce qu'en décembre, on est tous charrette. Janvier, c'est presque comme mars, arrête de chipoter. Y'en a une qu'est cool et qui s'y colle pour trouver une date qui puisse convenir à tout le monde (avec moult allers retours), qui fait des sondages pour les lieux qui plaisent, le tout pour que ça rentre dans le budget.
Je réponds bien comme il faut à toutes les questions, oui le 14 ça me va. Sauf qu'avec les derniers événements, je me suis un peu paumée. Quand Bérengère m'a demandé ce que j'avais prévu de mettre vendredi soir, je l'ai regardée avec des yeux de poisson mort : pourquoi elle me demande ça un mardi ?
Ben la soirée !
Mais quelle soirée ?
Hé ho, on va dîner au Casino !
Boudiou, ça a failli passer à la trappe cette affaire... D'ailleurs le jour même à la pause café, quand elle m'a dit "à ce soir", j'ai eu l'air de tomber du placard. Faut bien avouer que j'étais pas dedans. Surtout que le soir même, je récupérais mon bouchon après une semaine chez son père. Crapaud-poilu, il s'en souvenait LUI que je partais dîner ailleurs, il l'avait bien noté dans son agenda...
Je le ramène à la maison, on fait un tour, on monte des trucs, il est content d'être là et moi je suis contente qu'il soit content. Je me prépare vite vite et je pars pour être à 19h30 au Casino, comme demandé.
19h28, je suis devant. Y'a personne. Je fais un petit tour, je vais m'enquérir auprès de l'accueil du resto si des gens sont déjà arrivés. "Non, je ne crois pas, mais votre table est réservée dans une salle spéciale". D'accord.
19h40, je trouve vraiment super bizarre d'être la seule sur place. C'est pas le genre des collègues d'être TOUTES en retard au même moment. J'envoie un texto à Bérengère.
"T'es où ?"
"Dans le resto"
"Mais où ?!"
Je vois bien qu'elle est pas là. Je vois bien, je suis pas folle, vous savez.
"A Chatelaillon".
Oh bordel, sa mère.
Je suis pas bon casino. Je suis à La Rochelle.
A AUCUN MOMENT, je n'ai vu, lu ou imaginé que ce n'était pas au Casino de La Rochelle. Je suis un boulet. J'envoie un texto pour dire "commencez sans moi, j'arrive". J'imagine déjà la tronche mi-amusée mi-moqueuse des convives et je cherche un truc intelligent à dire lorsque les vingt paires d'yeux vont se tourner vers moi quand je vais entrer dans la salle.
Je vais aussi vite que je peux mais faire Casino de La Rochelle-Casino de Chatelaillon, ça prend au moins 20 minutes en ne respectant pas les limitations. Je lève à peine le pied, il manquerait plus que je me fasse flasher et que je doive payer l'amende avec l'argent que je n'ai pas encore gagné aux machines à sous.
Vingt paires d'yeux, avec des airs franchement morts de rire. Je bafouille, j'avance le plus dignement possible et présente mes excuses à l'assemblée. Le serveur m'apporte l'apéro en même temps que l'entrée et me sert un verre de blanc dans la foulée.
Tout le monde avait compris, tout le monde avait lu correctement les messages. C'est à dire pas en diagonale comme moi. J'essaye de me rassurer en me disant que j'avais mille autres choses en tête ces derniers temps, mais franchement je suis pas vraiment pardonnable. Si c'était moi qui avait organisé la soirée, je n'aurais pas aimé qu'on me fasse ça.... Mais F. de la compta, c'est une crème de minette.
Le dîner était délicieux, après on a eu chacun un petit bon avec des sous en forme de code barre pour aller jouer dans les machines à sous et on a passé une super soirée... J'ai pas gagné, juste perdu trois euros. En revanche, j'ai gagné une bonne raison de me faire charrier à la machine à café, au moins pour pour les six prochains mois.
Quand je te dis que je me fatigue....