Dimanche matin, je m'éveille fraîche comme la rosée (la vraie rosée de printemps, pas la grosse pluie de nuit qui rend le jardin tout gadouilloux). Enfin j'ai la paupière une peu bouffie et un pli sur la joue mais on va dire "fraîche comme la rosée" c'est plus sympa.
Coup d'oeil sur le réveil. Il est 8h53. Soit une heure tout à fait raisonnable pour lever ta Grosse Blonde. Quasi une grasse mat' pour moi qui suis une fille des matins très matinaux. Enfin surtout, j'ai toujours vécu dans l'idée que "j'avais sûrement quelque chose à faire" et que donc, il vaudrait mieux que je me lève. Les choses à faire étant invariablement des tâches plus ou moins ménagères : mettre une machine à tourner ou étendre celle de la nuit, plier le linge sec, ranger la maison, faire les courses, trier des papier, imaginer le repas du midi... En tout cas, tout plus important que de rester au lit.
Je suis la culpabilité incarnée, entérinée par des années à avoir besoin de prouver que je ne suis pas bonne à rien.
Il est 8h54 et je tente de me raisonner. As-tu vraiment envie de te lever ? As-tu vraiment quelque chose d'indispensable à faire là, tout de suite ?... Voyons, j'ai fait les courses hier, le linge peut attendre une heure de plus, ou même demain, le ménage est fait.
8h55. Je décide de me prendre en main et de faire un effort, d'aller contre ma nature et... je reste au lit. Je n'ai plus trop sommeil alors je prends un livre.
C'est bon...
Pourtant, environ toutes les deux pages, la culpabilité est là, insidieuse, perfide. Dans le fond arrière gauche de mon inconscient, j'entends distinctement "t'as pas mieux à faire que de traîner au lit ?"
Je dis "chut !" et je reprends à la ligne d'avant.
10h00. Je jette toutes les deux minutes un oeil hagard au réveil, rongée par les doutes, mais je tiens bon, je suis plus forte que mon esprit retors qui veut m'obliger à faire des choses inutiles et dont je n'ai pas envie.
Je me lève à 10h30, mon livre est presque fini, j'ai envie d'un thé, je suis bien. Finalement pas si compliqué...
La paresse, ça s'apprend et moi, j'ai besoin de cours du soir intensifs pour apprendre à lâcher prise...
Je crois que j'ai bien démarré...