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Channel: Blonde Paresseuse
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Rouge et vexée

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Ma grand-mère m’avait offert pour mon anniv’ une carte cadeau Yves Rocher avec un gentil petit mot disant "profites-en pour te faire belle". C’était adorable. Ça fait très longtemps que je n’avais pas franchi la porte de cette enseigne, et encore moins celle de l’institut mais bon, même si je ne les utilise pas au quotidien, leurs produits ne sont pas dégueus. A part sur le fait qu’ils se revendiquent comme super naturels et qu’ils ne le sont pas plus que ça mais c’est un autre débat. Et surtout, c’était un cadeau.

Je prends donc rendez-vous à l’institut pour samedi matin, en me fiant au descriptif du soin indiqué sur Internet. Un soin de 30 minutes "pour repulper". Le prix représente environ la moitié de la somme dont je dispose et je me dis qu’avec le reste je ferai un autre soin (du corps par exemple) ou j’achèterai des produits, notamment du sent-bon puisque j’ai tout fini le Dior Addict et que j’ai pas trop les moyens de le renouveler en ce moment…

A l’arrivée, je me rappelle pourquoi je ne venais plus dans cet institut : les cabines sont de la taille de mes chiottes. Minuscules à tel point qu’il n’y a même pas une chaise pour poser ses affaires. Il y a une patère au mur avec deux cintres et le reste, tu le fous sur la paillasse à côté du lavabo. On ne peut pas s’y croiser à deux tellement c'est exiguë (faut dire que je remplis à moi toute seule l'espace disponible).
L’esthéticienne me dit tout de suite "mais c’est pas un soin express anti-rides qu’il vous faut, vous n’avez pas de rides". Ah ? Ben… c’est gentil. So what ? "Je vous propose plutôt un soin au riz rouge bio qui donne de l’éclat, vous avez l’air d’avoir la peau très sensible, il faut la traiter avec douceur". Allez, c’est parti. Je suis pas chiante et surtout… je ne sais pas dire non
Elle me tend une espèce de paréo en sopalin et une charlotte à mettre sur les cheveux comme celle qu’on te colle à l’hosto (glamourissime), en me disant que je dois juste enlever le haut et que je peux garder mon pantalon. Je me sens pas bien bien confort comme ça mais comme elle ne m’a pas proposé d’ôter mon pantalon… j’ose pas. Elle farfouille dans ses tiroirs, ressort, revient, rapporte des serviettes, je sais pas quoi. J’attends. Ah, la voilà.

Je ne m’étais bien sûr pas maquillée en dehors d’un soupçon de mascara parce que faut pas déconner non plus, fallait que je traverse la moitié de la ville à pied depuis le parking, imagine si j’avais croisé quelqu’un… Elle m’enlève le mascara au coton-tige. C’est laborieux. Puis elle passe une lotion et ensuite, elle me nettoie le visage avec un truc qui mousse tout en me demandant quels sont mes usages en matière de soin du visage. Je la vois venir, elle essaye de savoir ce qu’elle va pouvoir me vendre en sortant… Je dis déjà tout ce que je fais et je te promets, mes copines peuvent en attester, question protocole de soins, usages divers et variés de cosmétiques divers et variés, franchement, je suis plus qu’avertie. On me la raconte pas.
Je lui dis que oui, je fais un gommage par semaine. « Et vous faites TOUJOURS un masque après, sinon, ce n’est pas bon pour la peau ? ». Oui, oui. Toujours.

Elle me rince avec des serviettes douces et tièdes, bien comme il faut. Et là, bla-bla-bla «…du riz rouge bio mélangé avec des huiles… ». Elle commence à me frotter le visage avec la préparation qui sent délicieusement bon mais c’est aussi agréable que si on m’avait frotté avec une Spontex neuve. « C’est pas trop fort ? » « Heu… un peu ». Et vas-y qu’elle frotte. Ça gratte. Re-rinçage copieux avec serviettes chaudes. J’ai le visage chaud, je le sens. Après, avec des gestes très agréables, elle me masse le visage avec… je ne sais pas quoi… une crème ? C’est doux. Pas une parole mais c’est relaxant.

Je sens ensuite un petit pinceau qui me balaye le visage… Je me dis, bécasse que je suis, que c’est sans doute encore une poudre de riz en prévision de la suite du soin. Et là, la fille me dit « je vous mets un peu de rouge à lèvres ? ». Je suis restée interloquée. Ah bon ? C’est DÉJÀ FINI ?!

Oui Madame, c’est un soin express, il s’agit simplement d’un gommage et d’une application de crème avec un léger modelage (ça veut dire qu'elle m'a mis de la crème).

Tu te fous de ma gueule ? j’ai pensé. 

La poudre que je sentais avec le pinceau, c’était pour tenter de masquer mon épiderme rouge vif. C’était la "mise en beauté légère pour clore le soin".

Elle a dû voir ma tronche rouge et mes sourcils froncés parce qu’elle a cru bon de se justifier « Au téléphone, je vous avais bien précisé qu’il s’agissait d’un soin express… Si vous voulez un protocole plus long, il faut prendre un soin d’une heure et quart… » Ben voyons. Mais excuse-moi, c’est pas toi qui m’a dit tout à l’heure qu’il fallait TOUJOURS faire un masque après un gommage ? Surtout s’il est fait au gravier !

Ben tu sais, quoi, j’ai rien dit… 

Si Miss F. avait été là, elle m’aurait coachée pour que je lui dise ma façon de penser à la demoiselle !
Lui dire que 30 euros pour un gommage, ET RIEN D’AUTRE, c’est abusé. 
Lui dire que pour de l’express, c’était de l’express puisque dans les 30 minutes, le temps d’habillage, de déshabillage, de rangeage de la cabine et de promenade des serviettes et des produits dans le couloir sont inclus.
Lui dire que pour de l’éclat, ah bah là, c’est éclatant, je ressemble à une tomate.

Ma décision était prise, je ne ferai pas d’autre soin. J’ai dépensé le reste de ma carte cadeau dans un parfum qui sent bon et un soin contour yeux. Et j’étais furax et vexée parce que je me faisais une joie de me faire papouiller et que je suis sortie avec la peau en feu et la sensation de m’être faite berner.

Du coup, je suis passée chez Céline (qui passe ici quelquefois) pour acheter un bâton de sacristain (une tuerie intégrale à base de pâte feuilletée, de crème pâtissière et de pépites de chocolat). Céline était pas là (désolée, j’avais pas le temps d’aller galoper à l’autre endroit ;-)
J'ai mangé le truc en moins de deux pour me consoler.  Ce qui n'avait aucun sens puisqu'il était midi moins cinq et que j’allais déjeuner ensuite… 

Déçue et vexée. 

Tu sais, Yves, t’es pas prête de me revoir.




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