Tu as déjà vécu un moment un peu surréaliste ? Un truc où quand c'est terminé, tu te demandes si c'est bien arrivé. Et ben moi, ça m'a fait ça hier...
La photo en haut date de 1988, environ. Lycée Georges de la Tour, Metz, Moselle.
Les protagonistes : Olive, 2ème rang en partant du haut, 6ème position (le pull bleu-vert) / Malou, rang du bas, 1ère à gauche (bottes noires et rouges).
Olive et Malou, amoureux en 1ère. Olive et Malou, malheureux en 1ère (enfin surtout moi).
La magie des réseaux sociaux, c'est que tu peux parfois retrouver d'anciens amis, renouer des contacts, s'envoyer des mails pour se raconter, s'excuser aussi d'avoir été méchants, stupides, idiots comme quand on a 17 ans.
Et puis on peut reprendre des discussions d'adultes, s'écrire, s'imaginer, se deviner en photos, se découvrir un peu plus vieux, un peu changés mais pas tant que ça finalement... Au détour de ces conversations, il m'a conseillé, m'a poussée, encouragée à écrire, s'excusant sans cesse du mal qu'il m'avait fait. Les chagrins d'amour au lycée sont tellement brûlants, tellement puissants... Mais ils guérissent et il n'y a pas de rancoeur, juste contente de l'avoir retrouvé !
Un jour, on reçoit un texto qui dit en gros "bravo pour ton livre, je suis chez mes beaux-parents dans ta région bientôt, on se voit pour la dédicace ?" Bien sûr, et comment !
C'était hier.
Olive et Malou qui se donnent rendez-vous sur le parking de la petite ville d'à côté. La chérie d'Olive est là aussi, souriante. On se prend dans les bras, on se reconnait comme si 25 ans, finalement, c'était la semaine dernière. Je ne le trouve pas pas beaucoup changé. Il dit m'avoir reconnue de dos.
On discute, on boit un coup. On ne sait pas quel bout commencer, comment veux-tu résumer 25 ans en 2 heures ? Alors ça se fait par bribes, des petits morceaux, des tranchettes de vie, des toastinettes fines et moelleuses comme un croque-monsieur, une couche de ci, une couche de ça et un peu de chaleur pour lier le tout.
Pas de nostalgie, juste une sacrée émotion... Partager des instants du passé sans vouloir les revivre, juste des souvenirs à évoquer, partager aussi le présent avec son amie pour ne pas que ça vire à la réunion d'anciens combattants.
Encore un peu d'émotion aussi au moment de se dire au-revoir, penser dans la voiture à toutes les choses qu'on a oublié de dire. On sait tous les deux qu'on a vécu des choses fortes, on sait tous les deux qu'elles ont laissé des traces, qu'elles ont sans doute contribué à nous construire. On y pense forcément, sans laisser toutefois les mots les révéler. Elles nous appartiennent, elles appartiennent au passé, sans regret.
C'était hier et c'était un drôle de moment... Olive et Malou, 25 ans plus tard.