Simone

Je ne vais pas vous répéter sa biographie, elle est en boucle partout.

Elle vient de nous quitter, à 89 ans.

Grâce à la contraception légale dans notre pays, grâce aussi à ma bonne étoile parce que ça peut arriver malgré tout, je n'ai jamais eu besoin d'avoir recours à l'IVG dans ma vie. Et c'est tant mieux.

Ni ma sœur, ni ma mère... enfin je ne crois pas.

En revanche je me souviens très bien, lorsque j'étais en terminale, de ma collègue de classe, Agnès P., qui sortait depuis un moment avec Jean-Louis C. Et puis voilà, c'est arrivé. Agnès est tombée enceinte et ce n'était pas du tout voulu. Je ne me souviens plus si c'était un accident de pilule ou la faute à pas de pilule, en tout cas, c'était une grosse galère.

Agnès P. a subi un avortement. Ça l'a beaucoup chamboulée. Nous aussi. Mais moins que si elle n'avait pas eu la possibilité de le faire. Agnès a eu son bac cette année-là.

Dans son discours à l'Assemblée nationale, Simone dit que c'est toujours un drame d'avorter, et que ça le restera toujours. Je me demande ce qu'elle a pensé, Simone, quand elle a entendu les Le Pen tante et nièce, disserter au sujet de "l'avortement de confort". Les morues.

Je n'ai jamais eu à subir d'avortement. Je mesure ma chance.

Ainsi que celle de savoir que si ça avait dû être le cas, la loi m'aurait permis de le faire, en sécurité, sans risquer ma vie.

Bonne nuit, Simone.