Hier, je suis allée déjeuner chez O. le beau gosse. Il avait fait du sauté de veau et on a déjeuné tous les deux pendant que sa chérie était à la crèche parentale avec le numéro 3. Elle était au courant que je venais, hein, va pas croire que j'ai fait ça en douce.
Il y avait un vaste capharnaüm hétéroclite (75 points au Scrabble pour les deux mots sur un mot compte triple) sur sa table de cuisine, pas trop son genre. Ils avaient vidé une maison et avaient rapporté un tas de bric-à-brac dont il comptait faire le tri. Et voilà mon mignon en train d'essayer de me fourguer des sous-verres carrés en liège, avec côté pile des photos touristiques de Chypre. Encore emballés. Avec le prix dessus. Heu... sans façon.
O. me dit d'un air navré que ça fait partie de la collection incroyablement gênante de souvenirs de voyages que leur rapporte son père. Il me dit qu'il ne comprend pas comment son père peut imaginer que ça leur plaise, tant leurs goûts sont à l'opposé de ça... Et le voilà parti à me montrer différentes pièces de la collection : une poupée en plastique habillée en indienne (native american, pas de Mumbai) sur un socle noir avec une étiquette, un cube de verre avec un éléphant gravé au laser 3D à l'intérieur, et je sais plus quoi encore.... Je pouvais plus regarder tellement je riais. Navrée.
Le problème des souvenirs de voyage réside en plusieurs points :
a) tu as envie de faire plaisir à quelqu'un et donc, tu lui choisis un truc du cru (difficile de rapporter des poissons frais grillés sur la plage devant toi, qui reste pourtant le meilleur souvenir de tous)
b) tu n'as pas non plus envie de te charger outre mesure ni d'y laisser l'équivalent du billet avion retour
c) tu as bien envie de rapporter quelque chose pour toi "pour marquer le coup"
Sauf que dans la plupart des cas, ça tombe à côté. Parce que la personne à qui tu le rapportes, elle s'en fout ! Elle n'y était pas au marché aux Fleurs, si ça se trouve, elle ne connait pas et n'a pas envie de connaître.
Et pis quand c'est pour toi, tu es pris dans la ferveur de l'instant et tu te vois très bien à cet instant avec cette jolie poterie marocaine en fer forgé dans ton salon. Sauf qu'une fois rentré, tu te demandes ce que tu vas en faire et tu attends avec impatience le prochain vide grenier pour essayer de refiler le truc. Avec aussi le masque africain et la statuette de la danseuse de salsa avec du sable et des coquillages collé dessus.
Les vide-greniers sont les cimetières des souvenirs de vacances.
Je suis sûre que tu as plein d'exemples, vas-y raconte, c'est quoi ton pire objet rapporté de vacances que chaque jour, tu te demandes ce qui t'a pris !
Alors il y a des exceptions. Quand Miss F. est allée à New-York, elle m'a rapporté tout ce que je voulais (mais j'avais fait une liste) et le truc en plus était un truc d'abord destiné à moi, avant d'être New-Yorkais. C'était pas un tee-shirt I ♥ NY (encore que c'est pas mal, hein, y'a pire) (comme la Statue de la Liberté gravé sur une plaque de marbre).
Je charge, je charge mais il y a aussi le souvenir qui va t'accompagner pour longtemps, parce que c'était une petite chose insignifiante, mais qui au final ne fait pas tâche dans ta déco et chaque jour, te rappellera les bons moments passés sur place.
Elle est sur le coin de mon écran au bureau ou parfois dans la plante verte. Dragonfly, petite libellule en bambou peint qui tient toute seule par un équilibre savant. Hong-Kong est avec moi...