"Hey, Machine, tourne pas du cul, la route est droite !"
Ça te parle, ça ?
Cette gentille phrase balancée négligemment pas un collégien acnéïque et rigolard, le plus souvent entouré d'une bande congénères, a miné mon adolescence. Le rouge aux joues, je m'obligeais immédiatement à suivre une ligne imaginaire en serrant les fesses ("comme si je devais y faire tenir une noisette sans la faire tomber" disait ma grand-mère, toujours bien intentionnée pour prodiguer des conseils devant faire d'une souillon (ce que je devais être à ses yeux) une parfaite jeune fille, bien éduquée). Surtout ne pas se faire remarquer et surtout pas de cette façon-là.
Aujourd'hui, je m'en fous. De toute façon, mon cul est tellement gros qu'il ne sait pas faire autrement que se dandiner.
Sauf que... c'est l'hiver et qui dit hiver dit collants. Alors ok, j'avais déjà parlé de ça à la même époque l'année dernière ou celle d'avant (le problème des grosses, des collants tout ça). Ok.
Mais aujourd'hui, j'ai inauguré un nouveau problème. Attends, tu vas comprendre le rapport...
Mon nouveau problème est celui du collant qui glisse alors que tu es assise. SANS BOUGER. Sans tourner du cul !
Hier, en réunion toute la journée (on parlera une autre fois de l'impossibilité matérielle de faire son travail en étant en réunion toute la journée), mon collant a trouvé le moyen de se retrouver 20 bons centimètres plus bas qu'escomptés à la fin de ladite réunion. A sous-fesses. Ce qui fait que lorsque je me suis levée pour regagner mon bureau et que j'ai constaté l'ampleur du problème, j'ai cru ma dernière heure modesque arrivée. Oh my God, comment vais-je faire pour traverser TOUT le bâtiment afin de réintégrer mes pénates ?... J'étais au bord de l’abîme.
J'en ai déduit que je dois aussi tourner du cul sur ma chaise alors que je suis assise. Ce qui est étonnant puisque je n'avais même pas envie de faire pipi et que ma mycose-sa-mère me fout un peu la paix en ce moment
MAIS dans mon malheur, j'aurais au moins fait une heureuse si elle avait été là : je n'ai jamais marché aussi droit pour retourner à mon bureau, craignant que le moindre mouvement de hanches un peu trop prononcé ne fasse choir le collant au niveau des genoux.
Et aussi parce que du coup, personne n'a hurlé dans le couloir
"Hey Armelle, tourne pas du cul, la route est droite !"
Nan, personne.