Alors là, quand tu lis ce titre tellement joli et poétique, tu penses tout de suite Voie Lactée, Orion, Cassiopée, Andromède, Cygne et Chihuahua. Tu imagines un ciel bleu-noir d'été où des milliards d'étoiles se la donnent à fond pour que le décor au-dessus de ta tête soit parfait, féerique, infiniment profond et mystérieux.
Ok.
Tu as raison, profonde et mystérieuse, c'est tout moi.
Mais c'est pas le sujet.
Constellation est mon deuxième prénom parce que je ne sais pas manger sans me faire des tâches.
Ouais, c'est nase.
Mais figure-toi que j'ai des GROS SEINS. Et qui dit gros seins dit cible parfaite pour la petite goutte de vinaigrette échappée de la batavia, la petite goutte de sauce tomate échappée du spaghetti, la petite goutte de sauce soja-wasabi échappée du sushi, la petite goutte de soupe au potiron échappée de la cuillère à soupe, toutes les petites gouttes vicieuses qui au lieu d’atterrir sur la serviette gentiment posée sur tes genoux atterrissent directement sur mon poitrail. Y'a obstacle, tu vois. Plitch.
Comme les pop-corn au ciné. A moitié avachie dans un fauteuil rouge dont je me force à penser que la personne qui l'occupait précédemment avait les cheveux propres et portait AU MOINS une culotte, je picore du maïs soufflé collant et sucré dans une boite en carton. Et puis comme il fait presque noir et que je regarde plus l'écran que ce qui se passe entre mes mains, des fois, je loupe un peu la bouche. Des fois, ma bouche s'en fout et se ferme au mauvais moment. Du coup, à la sortie du film, c'est la fête dans mon décolleté ! J'enfonce ma main jusque dans le fond de mon soutien-gorge pour tenter d'aller chercher les miettes collantes. C'est hyper chic, je sais. C'est sûrement ce que pense le type en haut des petites marches attendant sa femme et qui me regarde avec un demi-sourire en se rinçant l'oeil.
Ok, je pourrais attendre un peu mais ça colle et les miettes, ça pique aussi. Et puis ça fait du rab'. Tant pis pour la classe.
Tu comprends mon problème de constellation ?
Alors depuis toujours (enfin depuis que j'ai des gros seins) (donc depuis que je suis grosse surtout), dès que j'arrive dans un endroit où on se sustente, je prends la serviette de table et je la coince dans mon décolleté. Ça faisait marrer mes copines au début, je crois que maintenant, elles n'y prennent plus garde. Mais quand c'est quelqu'un que je ne connais pas, le type a souvent un air mi-étonné, mi-apitoyé face à cette pauvre grosse fille qui met sa serviette autour du cou, comme un gosse en maternelle. La neu-neu de service.
Tu sais quoi, tête de noeud (noeud) ? J'en ai rien à faire de ce que tu penses. Parce que quand je vais t'expliquer pourquoi je fais ça (les gros seins, tout ça..), tu vas devenir aussi rouge que ta tomate-mozza, ton air va changer et la pitié va se transformer en regard un peu concupiscent. Tu vas t'efforcer de regarder ailleurs, peut-être dans mes yeux en trouvant que finalement, j'ai pas mal de bon sens. En fait, tu chercheras surtout la tâche sur ma serviette pour essayer de mieux imaginer mes seins sous le papier blanc.
Alors oui, je mets ma serviette devant moi quand je mange et je m'en cogne de ce que les gens pensent. Comme ça, les constellations restent dans le ciel et pas sur mon tee-shirt...
***
Et si tu veux te fendre la poire deux minutes et que tu as des gros seins, va voir "Busty Girls", les situations sont tellement bien décrites que c'est à mourir de rire ;-)